L'orme de Saint-Gervais

L'arbre de la justice, l'orme de Saint-Gervais

L'arbre de la justice, l'orme de Saint-Gervais

L'orme déploie à nouveau son feuillage printanier sur le parvis de l'église St-Gervais-St-Protais (4e). Biographie d'un arbre parisien qui traverse le temps depuis le Moyen Âge.
L'orme trône fièrement devant l'église Saint-Gervais-Saint-Protais
L'orme de Saint-Gervais
Crédit photo :Jean-Pierre Viguié/Ville de Paris
Des visiteurs s'arrêtent souvent pour le saluer et toucher son tronc. Cerclé d'une chaîne protectrice, au pied de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais, l'orme mesure 12 mètres de haut pour 1,50 m de circonférence. Son tronc est marqué d'une longue cicatrice due à la foudre, mais qu'importe. L'arbre de la place Saint-Gervais (4e) a survécu. Il est le successeur d'une lignée d'ormes qui ont occupé depuis le Moyen Âge le centre de la place. Si bien qu'on surnomme parfois cet endroit le carrefour de l'Orme.

Au Moyen Âge, les habitants du quartier avaient coutume de s’y assembler, en particulier pour le règlement de leurs créances. Il était courant de procéder à des assemblées et jugements en plein air.

Des représentations peintes ou sculptées subsistent encore dans quatre des stalles de l’église ou sur les balcons du bâtiment voisin, édifié sous Louis XV, du 2 au 14 rue François Miron.

Abattu sous la Révolution, l’orme d’origine représentait à lui seul plusieurs symboles : sacralisé au début du christianisme pour la couleur rouge de sa sève, comme le sang des martyrs, il était aussi le lieu où l’on rendait justice après la messe, sous ses ramures. On s’y rassemblait également pour boire et danser les jours de fête, et l’on topait pour affaire, assis sur la margelle. On raconte aussi que les femmes du quartier prélevaient, secrètement la nuit, des morceaux d’écorces, utiles contre la fièvre. Il a été abattu sous la Révolution pour servir à la construction d'affûts de canons.

L’Orme actuel a été planté au début du XXe siècle et perpétue la tradition ainsi que les multiples représentations qui se trouvent dans le quartier. Certaines histoires racontent qu’il fut autrefois le lieu de rencontre privilégié des francs-maçons, et aujourd’hui des magnétiseurs de la capitale…
Plusieurs fois remplacé mais toujours là

PLUSIEURS FOIS REMPLACÉ MAIS TOUJOURS LÀ. 

Robert Bourdu, « Il y a tout lieu de penser que l’orme fut remplacé plusieurs fois. En effet, une estampe du XVIIe siècle représente sur le parvis de l’église un orme jeune entouré d’une margelle : il n’a guère plus de 7 à 8 mètres de haut et ressemble fort à celui d'aujourd’hui. Sur un manuscrit du XVIIIe siècle, il n’est pas beaucoup plus grand, mais toujours entouré d’un muret de pierre, muret qu’on retrouve sur toutes les représentations anciennes, sur de vieilles enseignes conservées au musée Carnavalet, sur une plaque de cheminée rue François-Miron, comme en-tête de facture d’artisans et de commerçants : “À l’Orme de Saint-Gervais”. Cet orme a marqué profondément la vie du quartier et de la paroisse. Il figure sur les balustrades en fer forgé du premier étage des maisons de la rue François-Miron et de la rue des Barres, sur les miséricordes des stalles de l’église, il orne la bannière paroissiale, le sceau et les jetons des marguilliers… (…)
À la révolution, il est violemment menacé comme symbole de l’Ancien Régime. Premier Ventôse, an II : “La société populaire de la section de la Maison commune demande que l’on fasse abattre l’arbre planté par le fanatisme, appelé l’Orme de Saint-Gervais.” Cependant, nul n’est capable de préciser quand il fut effectivement abattu : pendant la Révolution ? En 1806 ? En 1811 ? Ou plus récemment encore ? Quoi qu’il en soit, en 1847, le curé de la paroisse demande que les doubles rangées de platanes qui se meurent autour de la place soient remplacées par un orme. » (Source : Robert Bourdu et Michel Viard, Arbres Souverains, Ed. Dumay, 1998)

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